Les Etats-Unis ont-ils contribué à renforcer les clivages au sein de la société libanaise pendant la guerre des 33 jours ?
Sous titre : la démonstration de l’ingérence américaine au Moyen Orient
Le 12 Juillet 2006, deux militaires israéliens sont enlevés par des miliciens du Hezbollah libanais dans la zone frontalière occidentale qui sépare le Liban d’Israël. Israël justifia le lancement de la guerre par la présence au sein du gouvernement libanais de deux ministres du Hezbollah. Ce que l’Etat Hébreu considérait comme étant « les places fortes du Hezbollah » furent bombardés avec acharnement : la banlieue sud de Beyrouth, le Liban et Baalbek. Au sein des civils, l’attaque Israélienne fit 1183 morts, 4059 blessés et près d’un million de déplacés[1]. En contrepartie, les roquettes du Hezbollah lancées sur le Nord d’Israël causèrent la mort de 41 civils et le déplacement de 250 000 personnes[2].
Le caractère pluriel, contrasté du Liban et son développement tardif après un laborieux processus de reconstruction et de réconciliation suite à 15 ans de guerre civile et régionale meurtrière (1975-1990) donne tout son poids à une analyse de l’ingérence américaine dans le Pays du Cèdre. C’est principalement l’échec du rétablissement politique du pays qu’il convient de comprendre, par de fatales conjectures internes et externes. Allant de l’assassinat de l’homme fort de la nation Rafic Hariri en Février 2005 jusqu’à l’aspect multidimensionnel du conflit : les Etats-Unis, Israël et la France vont tenter de modifier l’arène libanaise et les équilibres de puissance en place au Moyen Orient. Après l’Afghanistan en 2001, et l’Irak en 2003, la politique de « démocratisation autoritaire » des Etats Unis continue de sévir[3]. Israël souhaite affaiblir un allié solide de l’Iran et de la Syrie, le Hezbollah, soutenu financièrement par le régime des gardiens de la révolution et politiquement par Damas, et mettre en échec tout modèle d’Etat arabe en capacité de lui faire concurrence. En 2004, la France, autre acteur régional de premier plan dans la crise Libanaise à l’œuvre, va effectuer une volte-face dans sa politique étrangère. De son vif soutient à la Syrie et au Liban sur lesquels elle a exercé un mandat de la société des Nations de 1920 à 1943, il ne restera qu’une hostilité marquée au régime de Damas et une défense appuyée de l’indépendance libanaise.[4] Les projets de ces acteurs régionaux vont irriguer l’été meurtrier auquel vont assister les libanais de la résolution 1559 du Conseil de Sécurité des Nations Unis de Septembre 2004 à la résolution 1701 qui met fin à la guerre de l’été 2006.
Au niveau systémique et international, la politique Moyen-orientale des Etats-Unis connaît des mutations majeures en réaction aux attentats de New-York et Washington et de l’élection des néo-conservateurs à la tête de la maison blanche. Les tensions entre les Etats-Unis, l’Iran et la Syrie que le géant américain accuse de saboter les efforts occidentaux pour promouvoir le modèle démocratique au Moyen Orient vont accroitre la crise Libanaise. A la suite de l’assassinat de R. Hariri, le défunt premier ministre va s’épargner les accusations de la population libanaise et les tenants et aboutissants de la crise sociale vont être exclusivement transférés sur la dénonciation du contrôle syrien sur le pays, et sur leur implication dans l’attentat ayant causé la mort de l’homme d’Etat libanais. Le pays va se retrouver isolé sur le plan régional suite à un boycottage généralisé des Etats Occidentaux. Le Hezbollah, dépendant de la Syrie et de l’Iran pour son approvisionnement en arme va fédérer autour de lui au sein d’une population qui entend résister contre la main mise américaine[5].
Les Etats-Unis ont-ils contribué à renforcer les clivages au sein de la société libanaise pendant la guerre des 33 jours ?
Il convient, dans un premier temps, de démontrer qu’ils ont sous-estimé les dynamiques internes qui ont mené progressivement à la guerre. Dans un second temps, il est nécessaire de mettre en exergue les négociations menées de front avec la France pour influer le jeu Libanais et plus largement répondre à leur projet de « démocratie Moyen-orientale ». Enfin, il reste à analyser les dynamiques à l’œuvre sur la scène internationale, notamment la réaction de l’Union Européenne et la place de la Belgique au sein des diverses sensibilités.
- Les dynamiques internes ayant contribué à l’éclatement du conflit.
- Les divisions communautaires.
La crise libanaise de 2004-2006, qui va culminer avec la guerre des 33 jours à l’été 2006, est avant toute chose une crise domestique, bien que les différents acteurs en présence aient cherché à l’internationaliser. L’équilibre qui régnait au Liban depuis le retrait unilatéral des troupes Israélienne du Sud Liban (mise à part les territoires contestés des fermes de Chebaa) maintenaient au Liban un climat de négociations, bien que celles-ci n’aboutissaient pas. Il y avait cependant une division sous-jacente, plus dichotomique et binaire, entre « la tentation de la cité marchande ultralibérale » sous le parapluie occidental, représentée par la Coalition du 14 Mars (2005) et « l’aventure de la citadelle assiégée et du revivalisme islamique ». La coalition du 14 Mars regroupe les sunnites du « Courant du futur », les Druzes représentés par Walid Joumblatt (jouissant du statut de libérateur pour son rôle dans l’indépendance face à la Syrie), et plusieurs groupes chrétiens pro-Occidentaux proche des idées libérales du clan Hariri. Les « pro-syriens « , proche du président Emile Lahoud, militent quant à eux pour une intervention de l’Etat plus prégnante et affichent leur hostilité à la politique américaine et israélienne incontestablement liées. Au sein des partisans de Lahoud, certains groupes sont laïques comme le Courant patriotique libre -du général Lahoud lui même- et d’autres vont avoir des tendances nationalistes arabes comme les nasséristes de Saida. Le Hezbollah chiite incarne et unifie ce revivalisme confessionnel et religieux. Pourtant, on peut également trouver au sein des partisans « pro-syriens », des sunnites comme le groupe de la Jama’a islamiyya[6]. Le Liban se montre ici sous son visage le plus fragmenté, et c’est sans aucune doute une des dynamiques internes dont les Etats Unis n’ont pas pris conscience dans leur gestion de la crise.
La crise libanaise fait également suite aux 13 ans de règne de Rafic Hariri et de ses alliés de prédilection, le mouvement AMAL de Nabih Berri ainsi que le Parti Socialiste Progressiste (PSP) de Walid Joumblatt. Cette alliance de longue durée a isolé une grande partie de la population sur le plan électoral. La communauté chrétienne a probablement été l’un des groupes le plus marginalisé, car prisonniers des voix des trois groupes dans de nombreuses circonscriptions électorales. En réaction, les partis traditionnels chrétiens se sont alliés à l’Etat d’Israël de 1978 à 1985 afin de répondre à l’ostracisme dont ils furent victime dans la vie politique libanaise.
La politique de reconstruction et d’endettement a appauvri une immense partie de la population tant l’accent a été mis sur le développement exclusif du secteur de l’immobilier, du luxe et du tourisme favorisant ainsi la coopération économique avec les riches pétromonarchies du Golfe. En parallèle, l’approvisionnement régulier en eau potable, en électricité et en transports ne fut pas assuré dans la totalité du pays. La fuite des cerveaux fut également caractéristique dans une crise sociale de plus en plus vive. Le gel des salaires dans les secteurs privés et public à partir de 1996 couplés à une dette publique passé de 45% du PIB à l’issu de la guerre (1975-1990), à 200% du PIB en 2005-2006. Dans ce contexte, les réformes économiques et sociales sont impensables.
- Les héritages des accords de Taëf
En Aout 1988, le président Gemayel n’avait pas été remplacé à la fin de son mandat en Septembre. En ce sens, il avait donc désigné le commandant des forces armées le général Aoun afin de constituer un gouvernement provisoire. Les musulmans ne l’ayant pas reconnu, un autre gouvernement parallèle s’était formé à Beyrouth Ouest, dirigé par Salim Hoss qui jusqu’alors remplacé l’ancien premier ministre Rachid Karamé tué dans un attentat en Juin 1987. En Mars 1989, Michel Aoun lance une « guerre de libération » contre la présence de 33 000 syrien présents sur le territoire libanais. Les combats entre les milices chiites Amal, le Hezbollah, le PSP druze ou encore les forces libanaises chrétienne rendent la situation inextricable.
En 1989, juste avant que 15 ans de guerre civile ne prennent fin, la ligue des Etats arabes tente de résoudre un conflit multipartite qui a débuté en 1975. Le Maroc, l’Algérie et l’Arabie Saoudite forment un comité en date du 7 Janvier 1989 chargé de trouver une médiation en vue d’un accord de paix entre les groupements libanais et la Syrie[7]. Un plan en sept points est adopté lors d’une réunion qui prend place à Taëf en Arabie Saoudite au mois d’Octobre 1989.
Sur le plan politique, 63 députés sur 73 sont ainsi rassemblés à Taëf en vue d’élaborer une réforme de la Constitution et de rappeler l’indépendance du Liban. 53 députés ratifieront effectivement le document. De ce fait, le partage des pouvoirs est maintenu : un président de la République maronite, un président du Conseil sunnite, et un président de la Chambre chiite. Les pouvoirs du Président de la République seront néanmoins réduits au profit de ceux du président du Conseil et le nombre de députés augmente considérablement passant de 73 à 108. Les députés doivent être composés à égalité de chrétiens et de musulmans. Enfin l’accord de Taëf envisage de rétablir la souveraineté de l’Etat libanais et de dissoudre les milices à l’œuvre dans la guerre civile faisant rage[8].
L’accord de Taëf va aussi et surtout maintenir le rôle de la Syrie sur le territoire libanais : les politiques économiques, culturelles et extérieures du Liban doivent correspondre en tout point à celles de la Syrie[9]. En Mai 1991, la signature d’un traité d’amitié avec la Syrie, consacre le rôle prépondérant de Damas[10]. Mais l’accord de Taëf ne convint pas la majorité de la population libanaise. Pour une partie de la population chrétienne, derrière le général Aoun, il institutionnalise un protectorat syrien de longue durée sur le Liban. Les groupements Chiites (Hezbollah et Amal) se voient menacés par l’augmentation des compétences du président du Conseil, donc par l’augmentation des compétences dévolues aux sunnites[11].
La résolution 1559, adoptée le 2 septembre 2004, à la veille de la prorogation du mandat du Président de la République E. Lahoud, par le Conseil de sécurité des Nations unies, « demande instamment à toutes les forces étrangères qui y sont encore de se retirer du Liban ». Elle « se déclare favorable à ce que les prochaines élections présidentielles au Liban se déroulent selon les processus électoral libre et régulier, conformément à des règles constitutionnelles libanaises élaborées en dehors de toute interférence ou influence étrangère »[12]. Autre point majeur, la résolution Onusienne à l’initiative de la France et des Etats-Unis demande à nouveau que soient « strictement respectées la souveraineté, l’intégrité territoriale, l’unité et l’indépendance politique du Liban, placé sous l’autorité exclusive du gouvernement libanais s’exerçant sur l’ensemble du territoire »[13]. En Juin 2001, un retrait partiel des troupes syriennes de Beyrouth et de ses environs intervient en vertu de l’accord de Taëf quand bien même l’armée syrienne aurait du se retirer de Beyrouth vers la plaine de la Békaa dès 1992. Le 26 Avril 2005, le retrait des derniers soldats syriens marque la fin officielle de la présence de Damas au Liban. Le départ définitif de cet acteur de l’après guerre que constituait l’armée syrienne, fragilise l’accord de Taëf, qui, s’il ne régulait pas le système, permettait de le circonscrire dans un équilibre précaire. Comme Alain Gresh le fait remarquer, si c’est à l’initiative des présidents français et américains que cette résolution va être adoptée, elle l’est en fonction de conjonctures régionales. C’est la décision syrienne de faire modifier la constitution et de prolonger le mandat du président Emile Lahoud qui va faire bondir les occidentaux. Hariri avait poussé l’adoption de la résolution, et c’est probablement ainsi qu’il se condamna. Néanmoins, malgré les accords de Taëf, la résolution 1559 et les espoirs qu’elle soulève : l’autre partie de cette dernière est plus difficile à réaliser que le démantèlement progressif de la présence syrienne. Le Hezbollah demeure, et il est central dans le dispositif des forces en présence. Les élections législatives de l’été 2005 donnent lieu à un gouvernement d’Union Nationale ou siègent deux représentants du Hezbollah. Beyrouth prend position et estime que le désarmement du groupe armé est une affaire purement interne et doit donner lieu à un dialogue national. En dépit du fait que le Liban cherche à s’émanciper de toute tutelle étrangère, à désactiver le bras armée Hezbollah au sud Liban, il est malgré lui insérer à des enjeux régionaux d’ampleur. L’objectif conjoint des Etats Unis, de l’Union Européenne et d’Israël tient en trois points : expulser le Hezbollah du sud du Liban et obtenir son désarmement, tenir le Liban à l’écart des conflits régionaux, et in fine de lutter contre « l’axe du mal » constitué le Hezbollah, la Syrie (qui lors des accords de Taëf était largement sollicité par les occidentaux), l’Iran et le Hamas[14].
- L’internationalisation et l’enlisement du conflit
« Pour Gilbert Achcar et Michel Warschawski, la guerre menée par Israël contre le Liban, du 12 juillet au 14 août 2006, s’inscrit dans le projet américano-israélien d’un nouveau « grand Moyen-Orient » sous tutelle qui passe par une guerre préventive contre les « organisations islamistes », en particulier le Hamas et le Hezbollah, pour s’attaquer ensuite aux « pays voyous », notamment la Syrie et l’Iran »[15].
Au sein du rapport en date du 1er Février 2011 pour les membres et des comités du Congrès par l’analyste Casey L. Addis, en charge des affaires du Moyen Orient, il est dit que « Les Etats Unis et le Liban ont historiquement entretenu de bonnes relations en raison de leurs liens politiques et religieux ». Il est également soutenu qu’à la suite du retrait syrien du Liban en 2006 et la guerre entre le Hezbollah et Israel, l’administration Bush et le congrès ont alloué une aide d’assistance plus important au Liban, soit un milliard de dollars sur trois ans (…) incluant pour la première fois une assistance logistique aux forces armées libanaises (LAF) et aux forces de sécurité internes du Liban (ISF). Néanmoins les acteurs étrangers, et en premier lieu la Syrie et l’Iran sont présentés comme étant des pays menaçant la stabilité du Liban[16].
Néanmoins, sur le plan de la realpolitik, il semblerait que le gouvernement américain ait planifié en partie, avec Israel, les représailles et la campagne de bombardement qui a frappé le Liban durant la guerre des 33 jours. Des officiels du gouvernement Israélien se déplacèrent en personne aux Etats Unis en Mai (2006) afin d’organiser un plan joint pour attaquer les bases du Hezbollah[17].
“July was a pretext for a major offensive that had been in the works for a long time. Israel’s attack was going to be a model for the attack they really want to do. They really want to go after Iran. »[18]
L’attaque Israélienne sur le Liban fut dans le sens de cette thèse un moyen d’affaiblir le Hezbollah afin de pouvoir par la suite attaquer l’Iran et ses installations nucléaires. L’Etat d’Israel avait-il été pris de cours par l’accrochage d’une de ses patrouilles avec le Hezbollah ? Les israéliens ont-ils été surpris par l’enlèvement de leurs deux soldats dans un contexte de tensions pourtant significatif ? Il est nécessaire de s’interroger sur les buts de guerre d’Israel pour comprendre le soutient américain à l’Etat hébreu durant la guerre des 33 jours. Le général Israélien Kaplinsky, numéro deux de Tsahal, avait révélé dans un mensuel du judaïsme française -L’arche-, qu’il avait la certitude qu’Israel puisse être soumise à une campagne générale de frappes sur le nord de son territoire. Il corrobore son propos en expliquant que « le Hezbollah cherche régulièrement à capturer des soldats de Tsahal pour négocier des échanges de prisonniers ». Il dira enfin : « Nous aurons à faire face à d’autres opérations du même ordre dans ce secteur (…) Nous serons contraints de frapper des cibles au Liban et peut être même de monter une opération là-bas pour récupérer les nôtres ». Le général Kaplinsky ne parle pas d’un conflit généralisé, ou d’un engagement guerrier contre le Liban entier, mais l’opération du Hezbollah n’est pas une surprise pour Israel lors des heurtes qui interviennent le 12 Juillet. Le 13 juillet, Israel choisit de frapper dès le lendemain l’aéroport de Beyrouth, cible d’envergure pour un premier bombardement. Le journal américain New Yorker soutient que c’est « un plan général d’attaque » contre le Hezbollah coécrit avec les Etats unis qui a permis à Israel une riposte aussi violente.
- Toucher la Syrie : couler le Liban.
C’est avant le vote de la Résolution 1559 que les Etats Unis vont commencer à influencer la politique Libanaise en exerçant une pression sur la Syrie. Les premières mesures internationales touchant Damas sont l’adoption du « Syrian Accountability Sovereignty Act (SALSA) par le Congrès américain au printemps 2004[19] tiré lui même du « Syria Accountability and Libanese Sovereignty Restoration Act of 2003 »[20]. Ce dernier est rédigé afin que « le support de la Syrie au terrorisme et son occupation du Liban cesse, pour qu’elle cesse également le développement d’armes de destruction massive, et par là même tient la Syrie responsable pour les problèmes de sécurité internationale qui touchent le Moyen Orient ». Le document est acté par le sénat et la Chambre des représentants. Les groupes terroristes cités du Hezbollah, au Hamas, en passant par le Front populaire de Libération de la Palestine sont accusés de maintenir des camps d’entrainement et des locaux au Liban, dans des zones occupées par les syriens, recevant l’aide de l’Iran à travers l’occupant[21].
Le document datant de 2003 rappelle la Résolution 520 du Conseil de Sécurité en date du 17 Septembre 1982, qui demande « un stricte respect de la souveraineté territoriale, de l’intégrité, de l’unité, et de l’indépendance politique du Liban »[22]. Le 3 Mars 2003, le secrétaire d’Etat Colin Powell déclarait l’objectif affiché des Etats Unis « laisser le Liban à la gestion de la population Libanaise sans la présence de l’armée syrienne occupante ». Mais cette hostilité non feinte à l’égard de la Syrie dénote de ce que contenait les accords de Taëf à l’égard du régime Baathiste : « Compte tenu du fait de la nature des relations fraternelles qui lient le Liban à la Syrie, les forces syriennes aideront qu’elles en soient remerciées, les forces légales libanaises à étendre l’autorité de l’Etat libanais dans un délais maximum de deux ans (…) A la fin de cette période, les deux gouvernements (syrien et libanais d’entente nationale) décideront du redéploiement des troupes syriennes dans la région de la Békaa et à l’entrée de Békaa Ouest à Dahrel Baydar jusqu’à la ligne reliant Hammana, Mdeireje et Ayn Dara »[23].
Arrivé à quelques semaines de l’échéance du mandat présidentiel d’Emile Lahoud en Septembre 2004, le Liban est le terrain adéquate, à la fois par le vide politique qui s’y profile et la fragilité du régime, pour que les Etats Unis reprennent la main au Moyen Orient. Les Etats Unis sont malmenés en Irak et agités par l’axe irano-syrien vu comme dangereux à l’heure de l’ouverture des négociations sur le nucléaire. Ils sont également convaincus que le conflit israélo palestinien est alimenté par Damas, qui financerait et armerait les factions palestiniennes, épines dans le pied de Mahmoud Abbas. Le Liban est le pion manipulable pour faire tomber le jeune régime de Bachar Al Assad tout en détruisant ce qu’il reste des bases du Hezbollah en soutenant Israel dans la bataille. Conforté dans leur position lors du Sommet du G8 de Long Island dès Juin 2004, les Etats Unis ont le soutient français dans la volonté d’une part, d’amoindrir l’étau syrien sur le Liban, et d’exiger d’eux un comportement régional plus en accord avec les intérêts occidentaux. Mais Assad va passer en force. Il va exiger la prorogation du mandat d’Emile Lahoud à la tête de l’Etat libanais quand bien même la Résolution 1559 vient d’être voté au Conseil de sécurité de l’ONU. Al Assad est ferme et ne masque pas ses menaces à l’encontre de la coalition du 14 Mars, menée entre autre par Walid Joumblatt[24]. Selon les termes de Joseph Bahout, « une guerre froide est déclarée, dont le Liban est redevenu le théâtre ». En provoquant le régime syrien pour émanciper le Liban de sa tutelle, les Etats-Unis en co-alliance avec la France ont donc participé à resserrer son influence sur le Liban, à échauffer les différents clans, dont le Hezbollah, sure de ses alliés de Damas et d’Iran, et à déclarer un état de guerre généralisée.
- L’assassinat d’Hariri : un cas de casus belli.
L’attentat du 14 Février qui a couté la vie à R. Hariri reste le point d’inflexion de la 2ième guerre du Liban. Il est à la fois le point d’orgue de la tutelle syrienne sur le Liban aux vues des révélations de l’enquête et ce que va couter le Liban à la Syrie, car les hydres de la communauté internationale ne vont pas tarder à se faire entendre. Cette tutelle mise en place dès 1976, légalisé à la fin de la guerre civile et régionale en 1991, fut mise à mal si ce n’est complètement détruite en 2006. Rafic Hariri a t-il été tué parce qu’il a accepté de négocier avec les américains et les français dans ce que les syriens appelaient « le complot de la résolution 1559 » ? Ou la Syrie a t-elle voulu prévenir le Liban que sans sa tutelle il ne lui restait plus qu’à contempler l’ampleur belligène de son territoire ?
Le Mouvement du 14 Mars va être la réponse populaire à la mort d’Hariri. Plusieurs centaines de milliers de Libanais, toutes communautés confondues, descendent dans la rue pour demander le départ de l’armée Syrienne. Chrétiens, sunnites ou druzes, derrière Michel Aoun, le clan Hariri ou W. Joumblatt. Une absence remarquée reste en suspend : l’écrasante majorité des chiites, rassemblés autour du Hezbollah et du Mouvement Amal de Nabil Berry (alors président du Parlement) ne participent pas aux manifestations. Cette « intifada de l’indépendance » contraindra néanmoins Damas à retirer ses soldats du Liban, et la pression américaine n’y est pas pour rien[25].
Le choix syrien de proroger le mandat d’Emile Lahoud a été vécu comme une humiliation par l’alliance Druzo-Sunnite et plonge W. Joumblatt comme R. Hariri dans l’opposition et dans une fermeté radicale à l’égard de Damas. L’assassinat de l’ancien premier ministre fait de Joumblatt et Saad Hariri les nouvelles figures de proue du mouvement populaire. L’assistance franco-américaine va alors se faire plus « directive » que bienveillante[26].
En Mars-Avril 2005, et toujours sous injonction Franco-Américaine, la formation du nouveau gouvernement Mikati est en pleine tractation. Autre injonction occidentale : la tenu d’élections parlementaires rapides. Il n’est pas pris en considération les risques d’un débat tronqué, ou avorté entre les différentes sensibilités qui défilaient dans la rue le 14 Mars et les jours qui suivirent. Il n’est pas pris en considération le fait que les partisans de Lahoud, les Nasseristes et les Chiites au sein du Mouvement du Hezbollah, ne peuvent pas se laisser politiquement marginaliser d’un engagement populaire unilatéral. De plus, au titre de facteur interne, la classe politique libanaise ne vise qu’à assurer sa propre pérennité et par la même organise un premier scrutin « libre » dans le cadre d’une loi électorale paradoxalement imposée par le régime de Damas en 2000[27]. Après le tremblement de terre provoqué par l’assassinat de R. Hariri, le clivage entre « opposition » et « loyaliste » constitué fin 2004 depuis l’hôtel Bristol de Beyrouth, ne tient plus. Le paysage politique libanais est redessiné : les alliances contre-nature que les anciens pions de la Syrie au Liban ont du conclure, le retour important du général Aoun d’un exil de 14 ans affrontant seul les coalitions de l’opposition[28], et le climat politique tendu qui a succédé aux mouvements populaires prépare le terreau d’une guerre.
- Les intérêts de Washington dans la 2ième guerre du Liban
Le journaliste d’investigation Seymour Hersh est un des plus grands critiques de la cooptation des Etats-Unis à la 2ième guerre du Liban. Il relate ainsi dans le New Yorker la passivité du géant américain à la suite du kidnapping des deux soldats par le Hezbollah déclenchant les représailles de l’armée Israélienne. De ce fait, le Président Georges W. Bush tiendra les propos suivants lors du sommet du G8 à Saint Petersburg le 16 Juillet 2006 : « c’est un moment de clarification » et « Nous savons désormais pourquoi nous n’avons pas la paix au Moyen Orient ». Bush aborde dans ce même discours les relations entre le Hezbollah et ses supporters en Iran et en Syrie, qui sont selon ses propres mots « les racines de l’instabilité ». Malgré les multiples appels de la communauté internationale priant les Etats Unis de prendre les commandes des négociations afin de mettre fin aux combats, la secrétaire d’Etat Condolezza Rice dit à ce propos que «le cessez-le feu devrait être différé » jusqu’à que les conditions soient plus favorables. Georges W. Bush comme le vice président Dick Cheney, au même titre que les officiels diplomatiques et les services secrets américains convergent tous vers un même point de vue : une campagne de bombardement contre le Hezbollah, ses missiles souterrains et ses centres de commande pourrait faciliter l’assise sécuritaire d’Israël. Elle pourrait également servir de prélude ou de mise en garde pour une future destruction de l’arsenal nucléaire iranien perçu par les Etats Unis comme étant disproportionné[29].
Au sein du département d’Etat, cette attaque était vue comme une manière de renforcer le gouvernement libanais, et qu’il puisse asseoir son autorité sur le sud du pays dont la majorité est contrôlé par le Hezbollah. Pour une quelconque attaque de l’Iran, quelque soit les plans d’intervention, la Maison Blanche devait se débarrasser des armes et de la puissance du Hezbollah. Israel le faisait à sa place, et le gouvernement américain n’avait qu’à lui apporter son support. Bush voyait l’Iran comme une pièce maitresse de l’ « axe du mal » et voyait le Liban comme le « joyau de la couronne » pour reprendre les mots de Hersh. Néanmoins, le gouvernement Américain va nier toute implication dans les plans d’attaque d’Israel. Le porte parole du National Security Council dit lorsqu’on l’interroge sur une liste détaillée de questions à propos de l’implication des Etats Unis dans la 2ième guerre du Liban : « Prior to Hezbollah’s attack on Israel, the Israeli government gave no official in Washington any reason to believe that Israel was planning to attack. Even after the July 12th attack, we did not know what the Israeli plans were »[30].
Selon Hersh, la Air force Américaine aurait communiqué avec les Israéliens afin de s’accorder sur ce plan : « Let’s concentrate on the bombing and share what we have on Iran and what you have on Lebanon »[31]. Les discussions sont parvenues jusqu’au Chef d’Etat majeur américain et jusqu’au secrétaire d’Etat à la Défense Donald Rumsfled. L’ensemble de la classe politique, aux Etats-Unis confluait autour de l’idée d’une guerre avec des bénéfices majeurs et à moindre cout[32].
Enfin, une unité de renseignement de l’armée de défense Israélienne, connue sous le nom d’unité 8200 ou en hébreu « Yehida Shmone-Matayim »[33], intercepte des conversation au début de l’été tragique que connu Beyrouth et le Liban. Ces écoutes impliquées à la fois le Hamas, le Hezbollah ainsi que Khaled Meshal alors leader politique et militaire incontesté du Hamas. Tandis qu’un an après sa victoire aux élections Palestiniennes, le Hamas avait diminué ses activités terroristes, l’unité de renseignement israélienne soutient avoir la preuve que Khaled Meshal ait tenu les propos susdits : « Let’s go back into the terror business and then try and wrestle concessions from the Israeli government ». L’Etat Hébreu se sentait donc menacé par l’axe Hamas/ Hezbollah ou Palestine/ Syrie/ Iran. Plus tôt dans l’été, avant l’enlèvement des deux soldats Israel s’est donc assuré du soutient de Dick Cheney, puis du support du bureau chargé des affaires Moyen-orientale au Conseil National de sécurité. Une fois ces prérequis, persuader Georges W. Bush et Condolezza Rice n’était pas un problème. Israel, dans son plan initial, pensait qu’avec le background effectif des Etats-Unis, encouragé par les récentes manifestions anti-syriennes qui avait secoué le Liban le 14 Mars en réponse à celles du 8 Mars, frapper les infrastructures, lignes aériennes, les dépôts de carburant et l’aéroport de Beyrouth, pourrait convaincre les Libanais (majoritairement les populations sunnites et chrétiennes) de se retourner contre le Hezbollah. A contre-sens de ce que les Etats Unis avait prévu, l’administration Bush fut clairement désenchantée.
Saoud al-Faycal, le ministre des affaires étrangères, reçu à Washington le 23 juillet 2006 manifesta sa colère au président G.W Bush, et l’appelait à mettre immédiatement fin à cette guerre. Les provocations du Hezbollah sont alors suivies avec « une profonde inquiétude » par l’Arabie Saoudite. Toujours selon Saoud al-Faycal, il est nécessaire de distinguer « la résistance légitime » de « l’aventurisme irresponsable », et donner la moindre légitimité au Hezbollah est un spectre dangereux pour les régimes sunnites. Ils sont effrayés à l’idée d’une instrumentalisation iranienne des minorités chiites arabes depuis la chute de l’Irak de Saddam Hussein[34]. Israel, au cours de la 2ième guerre du Liban, n’est pas parvenu à mettre fin au Hezbollah, et la population ne s’est pas retourné contre le groupe armé mais contre Israel vue comme l’instigateur d’un régime de représailles articulées autour de frappes ciblant les civils. Ce n’est donc qu’une fois que les officiels américains ont compris que le couts de la guerre seraient trop élevés pour la société libanaise qu’ils ont commencé à prospecter pour la paix. Les officiels du Vice-président Dick Cheney restaient cependant convaincus que la campagne militaire contre le Hezbollah pouvait porter ses fruits. Des divisions similaires émergèrent en Israel, notamment sur la possibilité que Hassan Nasrallah décide de faire escalader la guerre en frappant Tel-Aviv.
L’Etat d’Israel et les Etats Unis ont donc eu peur des conséquences que cette guerre pourrait avoir si le Hezbollah Iranien décidait de toucher les Etats autour du Détroit d’Ormuz et leurs infrastructures pétrolières : les Emirats Arabes Unis, Oman ou encore l’Arabie Saoudite. Une réponse Americano-Euro-Saoudienne aurait été quasi-immédiate mais Ormuz est trop stratégique pour qu’une campagne militaire contre le Hezbollah Libanais mette à mal un point de passage ou un quart de la production mondiale de pétrole transite.[35]
- Une guerre d’échecs multiples.
L’armée Israélienne a mené une action d’une violence sans précédent afin de vider le sud du pays de sa population. Le 27 juillet 2006, le coordinateur des affaires humanitaires de retour de son déplacement au Liban demande expressément une trêve de 72h pour l’évacuation des blessés. Le porte-parole du gouvernement Avi Pazner le rejetait au prétexte que les corridors humanitaires apparaissaient comme suffisant. Il est nécessaire de préciser que 90% des victimes libanaises étaient des civils quand 80% des victimes israéliennes étaient des militaires. La proportion d’enfants au sein de la population libanaise touchés dépassait les 35%. A cela s’ajoute : l’évacuation spectaculaire des ressortissants européens, la destruction des usines électriques et la marée noire qui suivit, le bombardement de Cana, l’éparpillement de centaines de bombes à sous-munition, l’utilisation d’armes prohibées, la mort par tirs ciblés d’un soldat de la FINUL, comme une série d’éléments qui ont contribué à rendre cette guerre impopulaire[36].
Les bombes à sous-munitions sont fournies par les Etats-Unis à l’Etat d’Israel. Le géant américain est le principal fournisseur d’armes de l’Etat Hébreu. Seulement trois semaines suivant le cessez-le feu, les bombes à sous munitions avait déjà fait plus de 80 victimes dont une vingtaine d’enfants. Ces armes ne permettent aucune distinction entre populations civiles et cibles militaires. Amnesty International exhorta à plusieurs reprises l’Etat d’Israel à fournir les localisations précises des endroits ou furent utilisées des armes de ce type pendant la guerre des 33 jours. Un rapport des Nations Unies a révélé que 90% des frappes israéliennes de bombes à sous-munitions se sont produites lors des dernières 72 heures du conflit quand bien même un cessez-le-feu était prévu[37].
Fait tout aussi marquant, la riposte d’Israel ressemblait à un choix stratégique déjà croisé auparavant : c’était une guerre asymétrique plus que proportionnelle. Israel se base ainsi sur la doctrine américaine utilisée depuis la première guerre du Golfe : une campagne de bombardements aériens intenses touchant principalement les infrastructures ennemies et les capacités militaires ou d‘approvisionnement. Le recours massif à l’aviation et aux navires de guerre ainsi que les pilonnages d’artillerie en sont d’autres exemples types[38]. Les forces de l’OTAN ont combattu pendant la guerre du Kosovo (98-99) aux côtés de l’armée de libération du Kosovo sur le territoire de la République Fédérale de Yougoslavie opposée à l’armée yougoslave. Le 6 Aout 2006, le premier ministre Israélien Omert répondait aux condamnations Européennes sur les nombreuses morts civiles au Liban : « Where do they get the right to preach to Israel ? European countries attacked Kosovo and killed ten thousand civilians. Ten thousand! And none of these countries had to suffer before that from a single rocket. I’m not saying it was wrong to intervene in Kosovo. But please: don’t preach to us about the treatment of civilians. » Avant que la guerre commence, le Kosovo était cité clairement par les officiels israéliens et les journalistes comme étant une influence notable dans la manière qu’à Israel d’imposer un fardeau collectif à la population qu’il vise pour influencer les forces en présence. Du côté Etats-Uniens, Rumsfeld s’inquiétait de l’expansion de la guerre en Iran et des risques que cela faisait peser sur les troupes américaines en Iraq[39]. Lors d’un meeting en présence de Condolezza Rice et Georges W. Bush il déclare : « There is a sensitivity to the desire to not have our country or our interests or our forces put a greater risk as a result of what’s taking place between Israel and Hezbollah ».
Cependant, si Cheney et Abrams, au sein de l’administration américaine, ont eux même fait pression pour que le gouvernement Américain soutienne Israel avec insistance, il semblerait que Rice, et les diplomates de carrière au sein du Département d’Etat aient été plus mitigés quant à la place des Etats Unis dans le conflit. En effet, ces derniers étaient fortement tempérés par les effets disproportionnés des attaques perpétrées au Liban[40].
Le 11 Aout 2006, la résolution 1701 du Conseil de Sécurité des Nations Unies est adoptée à l’unanimité des membres du Conseil. Elle stoppe de manière immédiate le conflit israélo-libanais. Le gouvernement Libanais, avec en son sein deux membres du Hezbollah, accepte la résolution à l’unanimité également dès le 12 Aout 2006. Hassan Nasrallah, leader du Hezbollah fait injonction à ses miliciens de respecter le cessez-le feu. Le gouvernement israélien suit le mouvement et approuve la résolution avec 24 voix contre 0 et une abstention. Le 14 Aout 2006, le cessez le feu est effectif[41]. La résolution 1701 est adoptée 38 ans après les résolutions 425 et 426 qui établissent la FINUL et délimitent les limites territoriales de son mandat, se limitant au sud du pays. La résolution 1701, en autre, ne permet pas à la FINUL de continuer à assister le gouvernement libanais dans le désarmement des groupes armés présents au pays du Cèdre. La mission susvisée, qui a déjà été mentionnée dans la résolution 1559 du Conseil de sécurité de Septembre 2004, n’est pas étendue dans le cadre de la résolution 1701. De ce fait, la communauté internationale manque une opportunité cruciale d’étendre le mandat et la responsabilité de la FINUL. Ce trou béant dans les réponses apportées à la 2ième guerre du Liban, malgré le sursaut proactif du tandem franco-américain dans le rétablissement de la paix, permettra au Hezbollah de recouvrer la quasi-totalité de ses stocks de guerre moins de deux ans après l’adoption de la résolution[42].
Reste à savoir quels ont été les soutient des Américain en Europe ? En d’autres termes quelles furent les réactions au sein de l’intelligentsia européenne ?
- La politique Européenne face à la 2ième guerre du Liban et la réaction de la Belgique.
- L’Union Européenne ou la constitution d’une force de terrain
L’Union Européenne commence à jouer un rôle effectif le 23 juillet 2006 lorsque le premier ministre israélien Ehud Olmert se dit favorable au déploiement au Liban d’une force militaire « formée par des pays de l’Union Européenne ». Parallèlement à cette déclaration, le secrétaire générale adjoint de l’ONU accuse Israël de « violer le droit humanitaire ». Le 24 Juillet, c’est Condolezza Rice qui se rend à Jérusalem après un passage remarqué à Beyrouth. Les Etats-Unis accorderont par la suite une aide de 30 millions de dollars au Liban après que Rice ait exprimé sa ‘profonde préoccupation’ pour les libanais. Le 26 Juillet, une conférence internationale est organisée à Rome au sujet du Liban. Elle se déroule en présence de représentants de 15 pays partie prenante de l’ONU, de la Banque Mondiale et de l’Union Européenne. Les participants convergent vers un nécessaire cessez-le-feu et de la création d’une force internationale sous l’égide de l’ONU.
A contrario, dès le 27 juillet, deux jours après que quatre observateurs internationaux aient trouvé la mort au Liban, les tirs Israéliens sur la plaine de la Bekaa et le Liban Sud s’intensifient. L’ONU ne parvient pas à un accord définitif sur la déclaration condamnant l’attaque. Le chef d’Etat major Israélien Dan Haloutz se félicite des « dommages stratégiques énormes » qui ont touché l’organisation du Hezbollah. Le ministre Israélien de la Justice interprète les errances de la communauté internationale comme une « autorisation de continuer ». Suite à la conférence de Rome, Romano Prodi en tant que président de l’Union Européenne rencontre Mahmoud Abbas. Bruxelles est claire : Israël a mal interprété les résultats de la conférence de Rome sur le Proche Orient. Romano Prodi, après l’entrevu avec le président palestinien déclare : « La position exprimée par la conférence ne peut pas être interprétée comme une autorisation » pour les Israéliens à poursuivre les hostilités[43].
La cessation des combats ne prendra fin qu’après une vive escalade de la violence, Mais, le 13 Aout, Kofi Annan annonce qu’Israël et le Liban sont parvenus à un accord sur la fin imminente du conflit. Une dernière offensive terrestre a lieu au Liban du Sud. Selon Amir Peretz, alors ministre israélien de la défense, elle était nécessaire à préparer le terrain au déploiement de la force internationale. Rapidement la résolution 1701 est approuvée par le gouvernement israélien, qui violera pourtant la cessation des hostilités dès le 19 Aout sous le prétexte d’une opération spéciale « en profondeur au Liban » pour faire blocage à des livraisons d’armes syrienne et iraniennes au Hezbollah. Romano Prodi confirme à Koffi Annan « la disponibilité italienne à commander la mission de l’ONU ». En ce sens, après s’être déclarée « prête à dirigée la FINUL au Liban », Rome convoque une nouvelle réunion des chefs de la diplomatie de l’Union Européenne. Ainsi le 23 Aout, un meeting de coordination des 25 sur la FINUL prend place à Bruxelles suivit d’une réunion extraordinaire des diplomates européens. Dès le 25 Aout, Philipe Douste Blazy indique que l’Union Européenne met à disposition une force de 6500 à 7000 soldats au Liban pour renforcer la FINUL. La France en assurera le commandement jusqu’en Février 2007 avant que l’Italie ne prenne sa suite. La mobilisation européenne est accueillie par les Libanais comme ‘un pas positif et important’ selon le conseiller diplomatique du Premier ministre libanais, Mohamad Challak[44].
Néanmoins, l’Union Européenne ne souligne pas un fait. La Résolution 1701 du Conseil de Sécurité de l’ONU rend le Hezbollah responsable du Conflit et souligne : « qu’il importe que le Gouvernement libanais étende son autorité à l’ensemble du territoire libanais, conformément aux dispositions des résolutions 1559 (2004) et 1680 (2006), et aux dispositions pertinentes des Accords de Taëf, afin d’y exercer intégralement sa souveraineté, de sorte qu’aucune arme ne s’y trouve sans le consentement du gouvernement libanais et qu’aucune autorité ne s’y exerce autre que celle du gouvernement libanais ». Mais le gouvernement Libanais estime t-il que les armes du Hezbollah doivent être rendues ? C’est le Hezbollah qui a protégé le Liban en 2000 contre l’agression Israélienne et libéré le Sud, et c’est encore le Hezbollah qui se sert de l’argument de l’occupation par Israel des fermes de Chebaa pour continuer à faire exister sa présence au Liban. Le gouvernement libanais, en somme, ne se déploiera au Sud que si le Hezbollah l’accepte. C’est en ce sens que la position de l’Union Européenne est utile ou valable sur le terrain au renforcement de la FINUL et à la stabilisation de la situation ; mais à long terme, elle n’est pas réaliste car déconnectée des rapports de force en présence. Le Hezbollah est en meilleure posture après la guerre de 2006 qu’avant[45]. Les faibles performances d’Israel l’expliquent entre autre[46] et le règlement de la crise très franco-américain en dépit des aides circulaires de l’Union Européenne et des positions de principe a rendu le Liban plutôt hostile à ces présences étrangères. L’éditorialiste et rédacteur en chef d’Al-Akhbar (quotidien libanais) Joseph Samaha explique que « La France a été une partie du problème au Liban et non une partie de la solution ». Il conclut en soutenant que : « Le Sud est aujourd’hui hostile à toute présence française »[47]. Le tandem Bush-Chirac a en un sens aboutit à une victoire stratégique du Hezbollah et à une remise en cause des techniques militaires disproportionnées de l’Etat d’Israël.
- La Résolution du Parlement Européen du 4 Septembre 2006 et l’aide à la reconstruction
La Parlement Européen dans la résolution qu’il édicte le 4 Septembre 2006 « considère qu’une responsabilité particulière incombe à l’Union Européenne pour la paix et la sécurité dans un Proche-Orient qui est voisin de l’Europe et qu’il y a donc lieu d’améliorer les instruments et les méthodes de coordination de la politique étrangère et de sécurité commune dans le cadre de la PESC ». C’est un préambule à la volonté de l’Union Européenne de démilitariser les conflits de la région puisque le Parlement affirme au paragraphe suivant « qu’il n’y a pas de solutions militaires au conflit au Proche Orient ». Il insiste sur la volonté politique des parties en présence[48].
La Belgique, bien qu’elle ait joué un rôle au sein de l’Union Européenne a agit significativement dans le contexte de l’après guerre. Ainsi, le ministre des affaires étrangères de l’époque Karel de Gucht et le Ministre de la Coopération au Développement Armand de Decker ont décidé de dégager un montant supplémentaire à l’aide à la population libanaise et à la reconstruction du pays, ce qui augmenta considérablement le support financier total (atteignant une somme de 5 500 000 euros)[49]. Le développement et la reconstruction du Liban ont été possibles grâce à l’aide financière des organisations internationales et de la générosité des bailleurs de fonds qui se sont rencontrés lors de la Conférence internationale des bailleurs de fonds à Stockholm sur la réhabilitation du Liban[50]. Cette insistance sur l’aide à la reconstruction n’est pas anodine puisqu’elle est surtout liée à l’importance stratégique de la région dont l’appropriation de l’espace public est convoitée. Renforcé par sa victoire contre Tsahal, le Hezbollah est apparu comme particulièrement proactif dans le Djabal Amil (Liban du Sud).
L’éditorial du New York Times du 17 Juillet titre « Already falling behind » que l’on peut traduire par « déjà à la traine », faisant référence au retard de la mise en place de l’aide comparée au support de terrain du Hezbollah aux populations en majorité chiites du Sud Liban : « le Hezbollah prend en charge la reconstruction du Sud, alors que le monde débat encore de la constitution d’une force de paix. Après un mois de guerre, de vastes parties du pays sont en ruine. Des centaines de milliers de personnes sont sans logement. Beaucoup de Libanais sont terriblement furieux contre les Etats-Unis et Israël qu’ils rendent responsables de leurs souffrances. Quelle que soit la colère qu’ils peuvent avoir contre le Hezbollah pour avoir provoqué la guerre, elle est plus que compensée par la réponse sur le terrain de la milice et les importantes sommes d’argent qu’elle déverse, grâce à l’Iran »[51].
CONCLUSION :
Il convient donc de dire que les Etats Unis ont joué un rôle de premier plan dans la guerre des 33 jours, à partir des premières manifestations notamment celle du 14 Mars ou « Toutes les organisations américaines pour la démocratie étaient là » [52] jusqu’au règlement du conflit dans son activité diplomatique avec la France afin d’impulser un processus de paix tardif au sein des Nations Unis et avec l’aide de l’Union Européenne. Que ce soit dans leur aide logistique, sécuritaire et militaire aux Etats Unis ou au travers de la propagande de Georges W. Bush et de son administration contre l’axe du mal Syrie-Iran- Liban du Sud, ils ont contribués à nourrir les hostilités entre le Hezbollah et Israel le considérant comme un avant-propos ou un avertissement pour l’Iran si jamais ils venaient à menacer de près les intérêts américains. Certes, des dynamiques internes ont participées à l’éclatement du conflit et les terreau agressifs du Hezbollah et de l’Etat d’Israel, la légitimité politique qu’ils tirent respectivement de leurs méthodes belligènes, la disproportion des forces en présence élargissant considérablement les dommages faits aux civils forcent à ne pas concentrer toutes les accusations sur l’ingérence étrangère.
Le Liban était dors-et-déjà un pays fragile. Après 2006, le contexte politique est resté ancré dans une profonde tension. En 2008, le Liban a vécu une des crises politiques les plus profondes de son histoire. La création de l’Etat libanais repose sur un modèle d’équilibre entre les communautés associé à l’exercice du pouvoir. Il faut donc passer d’un système communautaire à l’acceptation d’une représentation citoyenne. Les blocs du 8 Mars composé des partis chiites Amal et du Hezbollah, des partisans de l’ex-général chrétien Michel Aoun a continué de s’opposer avec ferveur au bloc du 14 Mars. Le 12 Janvier 2011, 11 ministres du gouvernement de Saad Hariri dont dix membres de la coalition menée par le Hezbollah finissent par démissionner, ce qui a bien faillit faire rebasculer le pays dans une guerre interne. Les partisans de Michel Aoun accusaient S. Hariri de prendre ses ordres de Washington. En 2008, lors d’une autre période de tension, le Hezbollah était descendu protester dans les rues contre les mesures du gouvernement à son encontre.
Le politologue Joseph Bahout s’exprime sur le site de l’Express et estime alors que « Nous entrons maintenant dans une période de latence institutionnelle. Il risque d’y avoir des tensions politiques, et peut être quelques dérapages. Mais aucun des partis en présence ne souhaite passer par la violence. » Georges Corm, ancien ministre, économiste et penseur libanais, dressant pour le Nouvel Observateur un portrait du Liban actuel n’est guère plus optimiste que J. Bahout à l’époque. Le siège présidentiel est toujours vacant au Liban, et s’y insère la forte rivalité entre l’Iran et l’Arabie Saoudite. Les Saoudiens et les Occidentaux ne souhaitent pas que le général Aoun accède à la fonction tandis que le Hezbollah supporte sa candidature. Deux traditions semblent se perpétuer au Liban : la première est de ne pas vouloir d’un président fort, et la seconde est l’ingérence de puissance extérieures, qu’elles soient régionales ou occidentales. Les Etats Unis ont participé à la seconde des traditions en 2006 à la fois en retardant leurs inquiétudes et soutenant à voix basse la politique de bombardement Israéliens. Cela laisse des traces non négligeables sur une société qui est actuellement confrontée à de nouveaux défis, entre autre avec la crise des réfugiés. Le Liban parviendra t-il à la résilience ou sera t-il encore de nombreuses années le théâtre des intérêts de puissances étrangères ?
Bibliographie
CANTE Béatrice, Le développement au Liban après 2006 : une reconstruction sur fond de tensions géopolitiques, 7 Nov. 2013, on le blog du Master carrières internationales.
[1] MERMIER Franck, PICARD Elizabeth, introduction « Liban, une guerre de 33 jours », La Découverte, « Cahiers libres », 207, p. 5.
[2] Ibid. p.2
[3] Ibid.p.9
[4] Ibid. p. 10
[5] CORM Georges, Les cause de la crise libanaise : l’Europe contribue-t-elle à la solution ? Armand Colin, « Revue internationale et stratégique », 2008, n°70, p. 30.
[6] MERMIER Franck, PICARD Elizabeth, introduction « Liban, une guerre de 33 jours », Op. Cit p.10.
[7] GOUESET Catherine, Chronologie du Liban, 1943-2012, 19/10/2012 sur l’express.
[8] KARAM Karam, Confessionnalisme, partis, violence politique et insécurité, 22 Octobre 2010, CETRI.
[9] CORM Georges, Le Proche Orient éclaté, 1956-2007, Gallimard 2007, p. 968.
[10] GOUESET Catherine, Chronologie du Liban, Op. Cit.
[11] Les accords de Taëf sur Les clés du Moyen Orient, 09/03/2010.
[12] Résolution ONU : mettre ref.
[13] Les principaux points de la résolution 1559 de l’ONU sur le Liban, sur http://www.lemonde.fr , 12/03/2005.
[14] GRESH Alain, La résolution 1559, 26 juillet 2006, sur « les blogs du Diplo », Nouvelle d’Orient, www.blog.mondediplo.com.
[15] DA SILVA Marina à propos de la thèse de ACHCAR Gilbert et WARSCHAWSKI Michel dans le livre la guerre des 33 jours. La guerre d’Israel contre le Hezbollah et ses conséquences. P. 28
[16] ADDIS L. Casey, Analyst in Middle Eastern Affairs , Lebanon : Background and US Relations, February 1, 2011, CRS Report for Congress, prepared for Members and Committees of Congress.
[17] GLAISTER Dan, Bush « helped Israeli attack on Lebanon », Monday 14 August 2006, on http://www.theguardian.com
[18] Ibid. Quote by HERSH Seymour, veteran investigative journalist. Hersh has a track record in breaking major stories. He was the first to write about the abuses at Abu Ghraib prison in Iraq and has written extensively about the build-up to the war in Iraq. He made his name when he uncovered the massacre at My Lai during the Vietnam War. Most recently he has written about US plans for Iran, alleging that US Special Forces had already been active inside the country.
[19] BAHOUT Joseph, Liban 2005 : décomposition et recomposition, Presses de Science Po (P.F.N.S.P), « critique internationale », 2006/2 n°31, p.40
[20] Syria Accountability and Libanese Sovereignty Restoration Act of 2003, Public Law 108-175, December 12, 2003.
[21] Ibid. (§5).
[22] Ibid. (§6)
[23] PATRIE Béatrice, ESPANOL Emmanuel, Qui veut détruire le Liban? , Editions Actes SUD/ Sindbad, version intégrale des accords de Taëf en annexe, p. 264-265.
[24] Le rapport intérimaire remis le 21 octobre 2005 au Conseil de sécurité par Detlev Mehlis, président de la Commission onusienne d’investigation sur l’assassinat de R. Hariri, reprend presque mot pour mot ce que la rumeur, nourrie par les cercles haririens, a prétendu depuis septembre, à savoir qu’Assad aurait dit à Hariri, lors d’une ultime entrevue : « J’ai décidé de garder Lahoud ; vous devez exécuter cette décision, sinon je détruirai le Liban sur vous et sur Walid Joumblatt… ». Cf. « Report of the International Independent Investigation Commission Established Pursuant to Security Council Resolution 1595 (2005) »
[25] Archives RFI, Le 14 Mars, une date célébrée dans la division, 15/03/2008,
[26] BAHOUT Joseph, Liban 2005 : décomposition et recomposition, Op. Cit. p.45-46.
[27] La revendication constante de l’opposition, depuis 1992, portait justement sur l’adoption pour toutes les circonscriptions de la petite unité électorale (le Caza en tant qu’unité administrative) afin d’assurer une représentation plus juste des sensibilités minoritaires. C’est ce type de loi qui devait être adopté à la veille de l’assassinat de Hariri ; la loi de 2000, reprise lors du scrutin de 2005, est hybride, puisqu’elle mélange petites et grandes circonscriptions établies selon un pur gerrymandering politicien.
[28] PATRIE Béatrice, ESPANOL Emmanuel, Qui veut détruire le Liban? p. 68.
[29] HERSH M. Seymour, Watching Lebanon, Washington interests in Israe’ls war, August 21, 2006.
[30] Ibid. HERSH M. Seymour, Watching Lebanon, Washington interests in Israe’ls war, on www. Newyorker.com
[31] On Wikipedia, Lebanon ‘s majority Shia’s areas of July 2006 where Hezbollah is most located.
[32] HERSH M. Seymour,Watching Lebanon, Washington interests in Israe’ls war, Op. Cit.
[33] Unité de renseignement chargée des données d’origine électromagnétique et du décryptage de codes. Il s’agit de la plus grande formation de l’armée Israélienne.
[34] ROZE-RIGOULET David (chercheur à l’Institut Français d’Etudes Stratégiques spécialisé dans les problématiques de stratégie militaire, guerre et terrorisme et Islamisme), « Arc Sunnite » versus « croissant chiite » deux faces d’un même Janus conflictuel ? 20 Aout 2007, on Lettres du diploweb (www.diploweb.com).
[35] Source MAP : NAZEMROAYA Darius Mahdi, The Geopolitics of the Strait of Hormuz : Could the Iran Navy be defeated by Iran in the Persian Gulf ? , 8 Janvier 2012. http://www.Global Research.ca
[36] PATRIE Béatrice, ESPANOL Emmanuel, Qui veut détruire le Liban?, Op. cit p. 159
[37] Ibid. P. 162-163.
[38] Ibid. P. 151
[39] HERSH M. Seymour, Watching Lebanon, Washington interests in Israe’ls war, Op. Cit.
[40] HERSH M. Seymour, Watching Lebanon, Washington interests in Israe’ls war, Op. Cit.
[41] http://www.un.org/press/en/2006/sc8808.doc.htm
[42] ERAN Oded, UN Resolution 1701 : A view from Israel, October 20 2008, The Washington Institute. On line : http://www.washingtoninstitute.org/policy-analysis/view/un-resolution-1701-a-view-from-israel
[43] L’échec de la Conférence de Rome. Pour Bruxelles, l’Etat hébreu a mal interprété la Conférence. L’UE ajoute que les hostilités doivent cesser immédiatement. Publié le 28 Juillet 2006 on « L’Obs ». http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20060727.OBS6587/l-echec-de-la-conference-de-rome.html
[44] Le Conflit entre Israel et le Hezbollah libanais, publié le 02 Septembre 2006 on « l’Obs », http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20060719.OBS5656/le-conflit-entre-israel-et-le-hezbollah-libanais.html
[45] GRESH Alain, Qui a gagné (II) ? Du côté du Liban et du Hezbollah, 18 Aout 2006, Le Monde diplomatique, Nouvelles d’Orient.
[46] CORDESMAN H. Anthony, « Israel’s Uncertain Military Performance and Strategic Goals in Lebanon », Center for Strategic and International Studies, 25 juillet 2006.
[47] GRESH Alain, Qui a gagné (II) ? Du côté du Liban et du Hezbollah cite SAMAHA Joseph on http://www.al-akhbar.com/
[48] PATRIE Béatrice, ESPANOL Emmanuel, Qui veut détruire le Liban ? Op. Cit p. 283.
[49] http://reliefweb.int/report/lebanon/belgique-aide-%C3%A0-la-reconstruction-du-liban
[50] CANTE Béatrice, Le développement au Liban après 2006 : une reconstruction sur fond de tensions géopolitiques, 7 Nov. 2013, on le blog du Master carrières internationales.
[51] Image tirée du quotidien « Time of Israel » : Nasrallah addressing supporters via satellite link during a rally in the southern Lebanese border village of Aita in August 2013.
http://www.timesofisrael.com/hezbollah-said-to-be-mobilizing-forces-in-south-lebanon/
[52] NARWANI Sharmine, Ten years on, Lebanon’s Cedar Revolution on Russia Today. March 13, 2015, https://www.rt.com/op-edge/240365-lebanon-revolution-anniversary-cedar-2005/